L'APPROCHE DE LA MÉDECINE DU SPORT
Ces lignes d’introduction n’ont pas pour objectif une présentation complète de la médecine et de la médecine du sport, mais d’expliquer sous forme d’introduction l’approche philosophique du praticien en répondant aux interrogations souvent exprimées par les patients.
Le terme médecine vient de «medicina» en latin, faisant référence à la fois au médicament et à la guérison, soit «l’art de guérir». Les considérations et les « frontières » de la médecine ont évoluées au fil des époques et au fil des pratiques mais la médecine est toujours considérée comme la science des maladies et l’art de les guérir.
Par extension elle devint l’art et la science traitant de la compréhension du fonctionnement du corps humain (anatomie, physiologie…), des maladies et des agents pathogènes (étiologie, pathogénie, physiopathologie, sémiologie diagnostique…) avec la même motivation de savoir dans un but de restauration de la santé par le traitement et la prévention des pathologies.
La médecine hippocratique est considérée comme le point de départ de la médecine dite «moderne», dont découle l’enseignement universitaire actuel et la reconnaissance de la formation par la délivrance du titre de docteur en médecine donnant droit à l’exercice de la discipline en France.
A partir du XIXème siècle, le développement de la médecine dite « scientifique » a permis des progrès importants : des nouvelles techniques diagnostiques (imagerie…) jusqu’aux nouvelles techniques thérapeutiques (antibiothérapie…).
L’augmentation exponentielle des connaissances a vu découper la médecine en de nombreuses sciences fondamentales et spécialités médicales, avec le risque parfois du développement d’une médecine dite « d’organe », négligeant l’approche plus globale par appareils, systèmes ; laissant une place encore importante de nos jours aux médecins dits « généralistes ».
Les avancées importantes de la science ont fait de la médecine traditionnelle occidentale moderne, scientifique, une référence tendant à s’imposer au détriment d’autres médecines traditionnelles. Cependant, l’image probablement tronquée d’une médecine toute puissante, alors que de nombreux progrès dans le champ de la médecine restent à faire, l’impuissance face à la prise en charge de certains symptômes, syndromes, pathologies ; ainsi que la découverte de scandale sanitaires successifs… ont probablement contribué à une certaine défiance de la population se tournant parfois vers une médecine souvent appelée «complémentaire», «alternative», «non conventionnelle», ou encore «parallèle».
La méfiance envers ces différentes approches ne devrait pas se faire au détriment du développement de la médecine mais en raison d’un besoin de validation des connaissances par la reconnaissance ou non des diplômes permettant d’exercer ; ceci dans le but de s’affranchir du risque pour les patients d'abus de faiblesse, du non respect des règles éthiques…
Prenons pour exemple : l’ «ostéopathie»...
Le concept d’ «ostéopathie» fut créé au courant du XIXème siècle par un médecin Américain Andrew Taylor Still qui, en développant une approche thérapeutique considérée encore aujourd’hui comme non conventionnelle, a contribué à diviser ses pairs. Secondairement, de façon presque parallèle Daniel David Palmer développait notamment la chiropratique. De part le rejet d’une partie du corps médical et des instances officielles en place, ce qui est considéré aujourd’hui comme la médecine manuelle s’est développé par l’approche de médecines parallèles.
La notion de thérapie manuelle et thérapie par le mouvement pourrait prendre son origine dès l’antiquité, intégré à la médecine chinoise (Qi-Gong, Taïchi…), aux préconisations d’Hippocrate, Galien… Le développement de la massokinésithérapie en France a eu une reconnaissance difficile avec une légitimation tardive de l’exercice paramédical. Les différentes approches de ces thérapies manuelles présentées comme entités distinctes, se rejoignent parfois sans même le savoir…
L’empirisme de la méthode fait encore dire à certains que l’ «ostéopathie» ne doit être considérée comme pratique médicale, même si la médecine dite classique peine à soigner la pathologie fonctionnelle. Cependant, la complémentarité ou la redondance de la médecine traditionnelle opposée à d’autres approches de la médecine ne doit pas laisser penser qu’il existe une éventuelle dualité.
L’attitude du médecin devrait être d’éviter de déconsidérer sans toute fois admettre pour vraie sans jugement critique, les pratiques méconnues ou inconnues ; le champ de la médecine ne s’arrêtant pas aux frontières des connaissances actuelles ; ainsi que d’éviter le dogme interdisant toutes remise en cause des connaissances et des pratiques. L’attitude visant à développer l’esprit critique, toujours à la recherche de sources d'erreur est l’essence de l'esprit scientifique.
Les limites de la médecine actuellement se définissent probablement par la nécessité de reconnaissance et d’encadrement des pratiques, souvent par la limite des connaissances, et parfois par la limite des considérations… La délimitation entre ce qui est et ce qui n’est pas du domaine de la médecine fait depuis longtemps et fait toujours actuellement débat.
Nous pourrions donc probablement commencer à répondre à cette question en rappelant la définition de la médecine.
Docteur J. Petit